Habitat communautaire pour les aîné·e·s et café-poussettes

Rénovation d'anciens bureaux en habitat communautaire pour aîné·e·s et création jardin semi-public avec café-poussettes

Le projet Cygnes se compose d'un habitat communautaire pour seniors respectueux du patrimoine et de l’environnement, ainsi que d'un nouvel équipement pour la petite enfance, un « café poussettes » accueillant et lumineux situé dans un écrin de verdure. Il offre aujourd’hui un lieu calme et ombragé idéal pour tisser des liens entre générations. 

Cette rénovation propose un ensemble programmatique et social comblant le manque d'équipement dans le nord de la commune d'Ixelles, en particulier pour certains publics fragilisés telles que les aînés ou les parent avec enfant en bas âge. Ce projet pilote, porté conjointement par Binhôme et la Commune d’Ixelles, et subsidié par la Région de Bruxelles-Capitale, s'insère dans l'espace vacant libéré suite au déménagement du Foyer Ixellois au sein du Bloc Malibran. Egalement connu sous le nom de "Victory House", ce remarquable bâtiment art déco, achevé en 1938 par l'architecte Raymond Poppe, constitue avec le bâtiment de la radio diffusion, l'une des pièces fondatrices de la place Flagey et abrite depuis sa création des logements sociaux dignes et raffinés.

Depuis la très animée place Flagey, dans le soubassement foncé de la Victory House, une grille s'ouvre et laisse apparaître le feuillage d'un impressionnant platane, un pavillon et sa toiture bleue électrique attirent le regard. A mesure qu'on s'enfonce dans passage cocher tapissé d'absorbant acoustique, le chant des oiseaux se substitue au bruit de la ville. Dans le cœur d'îlot, jadis phagocyté par un parking minéral, un muret courbe en béton damé nous guide aujourd'hui dans un jardin fleuri et accueillant. En été, il y fait particulièrement frais. Le son de l'eau qui ruisselle de la table à débordement participe à cette douce atmosphère. Les enfants apprécient jouer avec le miroir d'eau et la balançoire pendant que les adultes déplacent librement le mobilier au gré de la course du soleil.

Au centre du jardin, un pavillon coloré prolonge une ancienne remise en brique. Une toiture délicate laisse percoler la lumière zénithale au cœur du café. La maille sur pointe de sa structure métallique se joue des limites intérieures et extérieures pour embrasser le jardin. Au centre du café, à l'articulation des deux niveaux, le bar adopte la physionomie de chacun des clients y compris des plus jeunes. Le "café poussettes" est animé par une association dédiée aux enfants et offre une halte et lieu de socialisation aux parents.

Il n'est pas rare qu'après après le départ des enfants ou après un veuvage, des personnes âgées continuent à occuper un appartement alors devenu trop grand et trop cher. Pour contrecarrer ce constat, ce projet pilote propose une alternative : des logements de taille modeste situés à proximité des commerces et des transports. Chaque studio autonome dispose d’un espace salon avec kitchenette, d’un coin à coucher et d’une salle de bain privative ergonomique. Cette réduction de surface se fait au profit d'une mutualisation des services et d'une entraide sociale. Les huit locataires des studios se partagent un grand espace commun avec vue sur la place Flagey et un accès au jardin, ainsi qu'une chambre d'amis ou encore une buanderie commune. Le salon communautaire est le espace idéal pour recevoir et tisser des liens, c'est un lieu de partage et de co-veillance. En acceptant ce nouveau mode de vie, certains locataires ont pu libérer des grands logements sous-occupés au bénéfice de familles sur liste d'attente. Cette sobriété des besoins est fondamentale, car elle limite à la racine la consommation de nos ressources matérielles. Elle est appuyée par une conception rationnelle tirant parti des principes structurels du bâtiment pour subdiviser les logements dans un geste minimal dans lequel les pièces d'eau s'articulent en quinconce dans l'épaisseur d'une travée technique. Dans une stratégie autant économique qu'écologique, les très belles finitions art décos : parquet en chêne, radiateur en fonte, moulures ou cheminées en marbre sont conservées et restaurées, tout comme les châssis qui n'étaient, eux, pas d'époque mais encore fonctionnels. Les interventions dans les espaces privatifs sont mesurées au profit d'une collectivisation des ressources dans les espaces communs qui favorisent le vivre ensemble.

La conception d’un habitat communautaire respectueux du patrimoine et de l’environnement (1. Renoncer, sobriété de la demande).

La rénovation a été conçue pour minimiser les interventions. Les studios se logent naturellement dans la trame du bâtiment sans intervention structurelle majeure (2. réutiliser, rationalité d’une réponse limitant les extrants).

Une nouvelle vie a été donnée aux parquets en chêne des années 30 : ponçage, réparation et vitrification. Les moulures et le cheminées ont été également conservées (3. réhabiliter, restaurer plutôt que remplacer).

Les halls des studios sont composés de carreaux de terrazzo qui ont été extraits démontés, nettoyés et stockés sur ce chantier, évitant des trajets inutiles. Le calepinage des carreaux a été soigneusement étudié pour marier différents lots de carreaux de provenances variées mais de formats semblables dans un motif harmonieux au mètre carré près. (4. réemployer, privilégier des matériaux de réemplois, in situ et ex situ).

Les façades ont été isolées côté intérieur avec des blocs de chanvre-chaux. La composition de ces blocs forme une isolation hygro-régulante qui protège les façades et garantie la salubrité intérieure. (5. renouvelables, choix de matériaux bio-sourcés voire recyclés).