Brogniez

La rénovation du site de la rue Brogniez 170 en un centre PMS/PSE se présente comme un manifeste en faveur d'une architecture de la réparation et de l'adaptation. Face à un patrimoine hétérogène, marqué par des strates successives d'interventions et un état de dégradation avancé, le projet a dû composer avec des contraintes budgétaires strictes et un délai réduit. Plutôt que d'envisager une transformation radicale, il s'est appuyé sur les potentialités existantes du site, engageant une démarche où chaque élément présent a été interrogé, conservé, réparé ou réinvesti. Cette approche parcimonieuse ne résulte pas uniquement d'une stratégie d'économie de moyens, elle traduit également un engagement sincère : celui de rechercher la juste intervention et d'inscrire, à travers un vocabulaire d’acuponcture, la réinterprétation de l’existant au service d’une nouvelle organisation spatiale, fonctionnelle et environnementale.

La stratification architecturale du lieu, entre bâtiments néoclassiques, ajouts des années 1930 et rénovations de 1994, a dicté un travail de composition subtil, où le dialogue entre les différentes époques a été privilégié. La suppression des faux-plafonds et des revêtement superflus a permis de rendre visible cette stratification et d'assumer l'hétérogénéité du site comme une ressource. La palette de matériaux mise en place, où se croisent bois, chaux-chanvre, fermacell brut et flocages, participe à la fois à la création d’un nouveau vocabulaire mais aussi à la mise en cohérence des espaces et de leur différentes temporalités constructives.

Avec un budget de 1200€/m², ce projet lauréat du Renolab s'impose comme une démonstration des possibilités offertes par une approche architecturale de la récupération et de l'adaptation. À rebours des logiques de démolition-reconstruction, il explore une manière alternative de concevoir et d'aménager l'espace bâti, où chaque intervention est envisagée comme un acte de soin porté à l'existant. Ce projet ouvre ainsi une réflexion plus large sur les stratégies de transformation du bâti en milieu urbain et la place d'une architecture plus résiliente, à la fois sobre, pragmatique et inventive.