Rénovation en site occupé d'un immeuble moderniste de 378 logements : remplacement des balcons avec isolation de l'enveloppe et création d'équipements au rez-de-chaussée
1190 Anderlecht
Belgique
Construit en 1976 par le Foyer Anderlechtois, l'immeuble plié de la rue des Goujons abrite 378 familles sur 95 mètres de longueur. L’opération des Goujons devait s'inscrire dans un ensemble moderniste composé. Le projet de PPAS Goujons, élaboré entre 1968 et 1971, visait à relier les réalisations autour de la place Albert aux nouvelles constructions le long du canal dans un redéveloppement radical du quartier populaire et industrieux de Cureghem, mais fût partiellement avorté après le premier choc pétrolier. Avec ses 18 étages, ce "grand ensemble isolé" crée une rupture nette dans un tissu urbain.
L’immeuble des Goujons souffre de la stigmatisation généralisée dont font l’objet les barres de logement, alors qu'à son inauguration, il faisait la fierté de ses habitants. Pourtant, de sa forme particulière peut germer un changement radical d’image, car au contraire d’autres immeubles, le pli des Goujons ne répond pas à son contexte environnant mais se soumet au paysage en épousant l'ancien lit de la Senne.
La rénovation de l’enveloppe de l’immeuble, précipitée par la dégradation des anciens balcons a été l’opportunité de créer des terrasses filantes plus spacieuses dans lesquelles les habitants peuvent à nouveaux profiter d'une vue à couper le souffle. Les solutions techniques ont été imaginées pour être exécutées simplement et rapidement depuis l'extérieur en limitant le dérangement pour les locataires présents pendant toute l'opération. Le montage d'éléments en béton préfabriqué, résout efficacement différentes questions techniques à la fois, jusqu'à servir d'échafaudage permanent.
Les balcons marquent, en façade, une identité renouvelée dont la radicalité raisonne avec le projet moderne tout en cherchant à corriger les ruptures d'échelles. Les balcons se plissent depuis le nu extérieur vers le nu intérieur des colonnes dans un mouvement de tissage qui produit un jeu d'ombres rythmé. A mesure qu'on s'élève dans les étages, l'allège en béton s'épaissit pour protéger les habitants du sentiment de vide et le plissement se tend jusqu'à épouser le pli majeur de l'immeuble. Cette double progression ancre à la fois l'immeuble dans son quartier tout en marquant la skyline de Bruxelles de la présence symbolique de la Senne dans un pli majestueux.